Nous voudrions vous remercier de l’opportunité que vous nous offrez pour apporter des réponses aux questions que l’opinion publique nationale et internationale se pose à la suite de la fermeture de nos universités depuis le 19 avril 2011, les angoisses, les conditions de la prochaine rentrée. Cette rencontre nous permet aussi de donner espoir aux populations, à travers des échanges sans faux-fuyant.
...5 universités en 5 ans
Je voudrais répondre non pas par des arguments de polémique, mais par un argument simple. Le président de la République, en faisant des promesses comme tout candidat à une campagne présidentielle, parle sur la base des réalités qui s’imposent à lui, des réalités qu’il touche et non pas forcément sur ce qu’il ne voit pas. Il ne pouvait pas s’imaginer l’état dans lequel se trouvaient nos universités.
C’est-à-dire celles de Cocody, d’Abobo-Adjamé, de Bouaké, même si l’on savait à peu près la situation de ce dernier établissement, dès lors qu’il était délocalisé et écartelé entre différents sites à Abidjan. La réalité est que les deux premières institutions n’existaient que de nom, au moins pour ce qui est des infrastructures et équipements.
Cela, même avant la crise post-électorale dont les conséquences ont aggravé la situation. Je sais que Fraternité Matin a gardé les mémoires de ce qu’étaient nos universités à l’issue des évènements que le pays a connus. Les murs des bâtiments avaient été éventrés dont on a extrait des fils. Conséquence ?
Pour réhabiliter l’existant, il a fallu que l’Etat engage soixante sept milliards huit cents millions de Fcfa. Ce qui représente le coût de deux nouvelles universités. Eh oui ! La promesse du président de la République d’en construire cinq autres en cinq ans, dans ces conditions, pourrait être difficile à tenir. Mais, sachez que les villes choisies pour les abriter sont : Korhogo, Daloa, San pedro, Man et enfin, Bondoukou et non pas Abengourou. Les établissements de Korhogo et Daloa existent déjà à l’état embryonnaire, dans la mesure où il y a deux Ures, c’est-à-dire des Unités régionales d’enseignement supérieur, qui devront être transformées en universités et pour lesquelles les textes sont déjà sur la table du gouvernement. A Man, San pedro et Bondoukou, les sites ont déjà été identifiés. Les géomètres ont fini leurs travaux.
La semaine dernière, je relançais encore les différentes autorités impliquées dans la création de ces trois universités qui vont venir s’ajouter aux deux premières pour leur demander d’accélérer le mouvement, parce que les travaux de terrassement doivent commencer.
Des correspondances ont été adressées aussi bien au ministère de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme qu’aux différentes préfectures pour que chacun, au niveau où il se trouve, fasse ce qu’il a à faire pour que ces travaux démarrent.
À Man, nous avions quelques difficultés avec les populations, mais qui ont été résolues, grâce au maire, mais aussi à toutes les autres autorités.
En fait, certains estimaient qu’ils n’avaient pas été pris en compte dans le dédommagement. Nous pensons que d’ici à 2015, au moins deux universités vont sortir de terre. On peut donc dire que le Président de la République pourra tenir sa promesse, même si ce ne sera pas à 100%, ce sera au moins à 80 ou 95%.
Nomination du président de l’Université
S’agissant de la désignation des présidents d’université, il faut que l’on se comprenne bien. Il y a ce que le ministre de l’Intérieur et celui de la Recherche scientifique ont fait pendant cette période que je considère comme une période transitoire, en nommant un président à la tête de l’université de Cocody, un autre à la tête de l’université d’Abobo-Adjamé. Cela relève de la gestion des urgences.
Le président de l’université de Cocody, vous savez bien était Aké n’Gbo. Les textes disent que quand le président de l’université est empêché de façon absolue, on procède à de nouvelles élections, dans un délai d’un mois. Entre temps c’est le secrétaire général qui gère les affaires courantes à l’université.
Il a dit que le Cames est tout aussi important pour lui. Donc il ne pouvait pas différer, ni remettre, encore moins renoncer à son départ au Cames. Et il y est parti au sans avoir déposé son dossier. Tout était ficelé, clos. Quand il est revenu, il a tenu absolument à être candidat. Je lui ai dit que c’est terminé, les candidatures sont closes. Il me dit qu’il faut qu’il soit candidat.
Présidence de l’université
Le président de la République d’alors m’a dit que je suis un peu trop pressé. Alors, devant témoins, je lui ai rétorqué : « Voilà les faits : c’est vous qui avez signé un décret, en 2001, qui indiquait comment l’élection d’un président à l’université doit être organisée. Les délais à respecter, les dossiers à constituer, le profil des candidats… ». Pendant que moi, je ne faisais qu’appliquer ce décret, le président m’a dit : «Arrêtez ! L’université de Cocody est la plus importante du pays, je ne veux pas avoir de difficultés, du fait de mouvements d’humeurs. Moi, j’ai renoncé à appliquer l’article 35, pourquoi ne voulez-vous pas qu’un candidat se présente ?»
Or, je n’avais aucun problème avec un candidat ! Pour ceux qui ne le sauraient pas, j’ai fait la même université, celle des sciences sociales de Toulouse, avec Aké N’Gbo. J’étais à la faculté de droit, et lui, à celle de sciences économiques. On se connaît bien.
Finalement, ce qui devait arriver est arrivé. Il a pu participer à l’élection envers et contre les textes. Ce faisant, il a pu s’appuyer sur la Fesci. C’est elle qui a fait sa campagne, qui a mis en déroute beaucoup d’enseignants qui étaient soupçonnés d’être des électeurs potentiels du Pr Bakayoko Ly Ramata. C’est donc la Fesci qui a élu Aké N’Gbo et tout le reste. Sa victoire était déjà prévisible. Son élection n’était qu’un simple leurre.
Ma vision
En définitive, pour vous dire pourquoi je suis, à titre personnel, favorable à la nomination d’un président d’université, c’est bien parce que l’élection a montré ses limites. En plus, celui qui est élu ne répond plus de personne.
Aussi bien de ses électeurs qui sont censés être les enseignants que de l’autorité administrative. Plusieurs fois, par exemple, des enseignants de l’université de Cocody se sont plaints du Pr Téa Gokou (ancien président d’université ndlr) et ont exigé son départ.
Il leur a répondu qu’ils pouvaient continuer à faire tout ce qu’ils voulaient. Car son élection avait été confirmée par décret ne vient pas l’abroger, tout ce qu’ils font ne peut avoir raison de lui. En même temps, vis-à-vis du pouvoir qui consacre son élection par décret, il dit qu’il est élu et qu’il n’a pas de compte à rendre, particulièrement, au ministre. En tout cas, à moi, il n’a pas rendu de comptes, car, selon son entendement, il n’avait pas à le faire. Même pas sur les 518 millions. J’ai convoqué un conseil extraordinaire de gestion que j’ai présidé. Personne n’en savait rien. Même pas la comptable qu’on a convoquée expressément.
Au finish, le président Téa Gokou est allé dire à la présidence (en tout cas ceux qui avaient des oreilles pour entendre et des yeux pour voir l’ont suivi à la télévision, sur la 1ère chaîne), au cours d’une audience à laquelle je n’ai pas participé, qu’il fallait que l’Etat aide l’université de Cocody. Que l’Etat octroie une aide de 2 milliards de Fcfa, au moins. Après, à la question de savoir s’il avait porté plainte et qu’il ait répondu qu’il n’y avait pas songé, il demande 2 milliards.
Quand ils sont élus, ils se croient tout permis. Disons même, intouchables. Entre ma position et celle du gouvernement, il peut y avoir hiatus.
Le président de la République, le gouvernement peuvent demander de maintenir l’élection et suggérer qu’on mette en conformité le décret qui existe actuellement avec une loi. Cela sera fait.
Mais, au plus profond de moi, je pense qu’il faut nommer les présidents d’université. D’autant plus que dans l’absolue majorité des 19 pays du Cames, à 2 exceptions près, c’est la règle.
...
FESCI
Il faudrait que les choses soient dites de façon claire et directe. Je suis contre la suppression de quelque syndicat que ce soit. Parce que de mon point de vue, c’est anti-constitutionnel de dissoudre une association. On peut déplorer, en revanche, le fait qu’un syndicat se soit détourné de ses tâches originelles ou se soit transformé en milice ou encore se soit laissé instrumentaliser.
Il faut faire en sorte de le ramener dans son lit. La Fesci, comme beaucoup d’autres syndicats, doit contribuer de façon efficace à l’amélioration des conditions de vie et de travail à la fois des enseignants et des chercheurs mais aussi et surtout des étudiants qui sont leurs adhérents.
Mais hélas, nous avons constaté qu’elle est sortie de ce champ pour se transformer en milice en mettant sous l’éteignoir tous les autres acteurs.
Exemple, c’est la Fesci qui prenait les sommes versées pour les inscriptions pédagogiques. Un doyen d’une Ufr m’a interpellé lors des travaux pour me dire que je ne me rends pas compte de la bouffée d’oxygène que je lui apporte par la fermeture de l’université. Il m’a informé qu’à son niveau, après les inscriptions, les étudiants de la Fesci sont venus prendre le tiers de la recette sous prétexte qu’ils ont des dépenses à faire. Une ou deux semaines après, ils sont revenus réclamer les 2/3, c’est-à-dire une somme de 63 millions. En réalité, ce sont eux qui géraient l’université. Ils influaient sur les notes des professeurs.
Quand on voit tout cela, sans compter la gestion des cités universitaires qui étaient la face visible de l’iceberg, on peut effectivement être amené à se demander s’il ne fallait pas dissoudre la Fesci. A ce stade, je dis non. Il faut la ramener, comme toutes les autres organisations syndicales, là où elle doit être.
Il faut que la démocratie se manifeste en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs une recommandation de la Banque mondiale et de l’Uemoa. Il faudrait que la démocratie sociale joue en plein dans les universités, car c’est un facteur de bonne gouvernance.
Il est vrai que ce qui s’est passé a profité à un syndicat, mais il faut faire en sorte de le ramener là où il doit intervenir.
...
Frais d’inscription
Pour les frais d’inscription dans les universités publiques, ils sont à 6 000 F Cfa depuis 1968 ou 1972. Dans le même temps, savez-vous le coût de la formation d’un étudiant ?
C’est-à-dire pour donner une formation de qualité, avec tout ce que vous pouvez mettre dans cette notion de formation de qualité. C’est-à-dire une formation qui débouche sur l’emploi, une formation qui donne une compétence.
Selon des études des organismes internationaux, c’est un million deux cents voire cinq cents mille qui constitue le coût de la formation. Dans notre pays, la contribution que l’Etat apporte à ce coût est, je crois, environ trois cent cinquante mille. Pour faire le calcul de cette contribution, ce n’est pas compliqué. Vous prenez le budget qu’on donne à un établissement, vous le divisez par le nombre d’étudiants et vous aurez le coût de cette formation. Quand on a fait toutes ces études, et même sans études, on se rend compte que de 1970 à 2012, ça toujours été 6 000 F Cfa pour les frais d’inscription.
Au point qu’un ambassadeur m’a dit : « Pourquoi vous ne dites pas que c’est gratuit ! Ce serait plus simple ainsi. Pour dire qu’à l’Université on entre pratiquement gratuitement pour faire sa formation, parce que 6 000 F Cfa ne correspondent a rien du tout »
J’étais très mal placé pour lui donner quelques explications parce que je n’aurais pas pu le convaincre. Donc, les droits d’inscription ne correspondent, à la date d’aujourd’hui, à rien du tout. Cela dit, il n’appartient pas au ministre, avec tous les pouvoirs que vous pouvez me prêter de procéder à une augmentation des droits d’inscription.
Ce sont les décrets de créations d’organisation, et du fonctionnement des différentes universités qui prévoient, dans un article, que c’est le Conseil d’Université qui détermine le niveau des frais d’inscription. Le ministre n’intervient ou ne peut intervenir qu’à posteriori. S’il y a des arbitrages à faire pour une raison ou une autre, le ministre peut intervenir. Mais, la décision d’augmenter ou de réduire les droits d’inscription, relève du pouvoir discrétionnaire des Conseils d’Université.
Propos recueillis par
LANDRY KOHON
PAUL BAGNINI
RÉMI COULIBALY
HADJA SIDIBÉ
ISSA T. YEO
PASCAL SORO
PRESTHONE BROU
ADAM KHALIL
MARIE ADÈLE DJÉDJÉ
GHISLAINE ATTA
Coordonnation
GERMAINE BONI
...5 universités en 5 ans
Je voudrais répondre non pas par des arguments de polémique, mais par un argument simple. Le président de la République, en faisant des promesses comme tout candidat à une campagne présidentielle, parle sur la base des réalités qui s’imposent à lui, des réalités qu’il touche et non pas forcément sur ce qu’il ne voit pas. Il ne pouvait pas s’imaginer l’état dans lequel se trouvaient nos universités.
C’est-à-dire celles de Cocody, d’Abobo-Adjamé, de Bouaké, même si l’on savait à peu près la situation de ce dernier établissement, dès lors qu’il était délocalisé et écartelé entre différents sites à Abidjan. La réalité est que les deux premières institutions n’existaient que de nom, au moins pour ce qui est des infrastructures et équipements.
Cela, même avant la crise post-électorale dont les conséquences ont aggravé la situation. Je sais que Fraternité Matin a gardé les mémoires de ce qu’étaient nos universités à l’issue des évènements que le pays a connus. Les murs des bâtiments avaient été éventrés dont on a extrait des fils. Conséquence ?
Pour réhabiliter l’existant, il a fallu que l’Etat engage soixante sept milliards huit cents millions de Fcfa. Ce qui représente le coût de deux nouvelles universités. Eh oui ! La promesse du président de la République d’en construire cinq autres en cinq ans, dans ces conditions, pourrait être difficile à tenir. Mais, sachez que les villes choisies pour les abriter sont : Korhogo, Daloa, San pedro, Man et enfin, Bondoukou et non pas Abengourou. Les établissements de Korhogo et Daloa existent déjà à l’état embryonnaire, dans la mesure où il y a deux Ures, c’est-à-dire des Unités régionales d’enseignement supérieur, qui devront être transformées en universités et pour lesquelles les textes sont déjà sur la table du gouvernement. A Man, San pedro et Bondoukou, les sites ont déjà été identifiés. Les géomètres ont fini leurs travaux.
La semaine dernière, je relançais encore les différentes autorités impliquées dans la création de ces trois universités qui vont venir s’ajouter aux deux premières pour leur demander d’accélérer le mouvement, parce que les travaux de terrassement doivent commencer.
Des correspondances ont été adressées aussi bien au ministère de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme qu’aux différentes préfectures pour que chacun, au niveau où il se trouve, fasse ce qu’il a à faire pour que ces travaux démarrent.
À Man, nous avions quelques difficultés avec les populations, mais qui ont été résolues, grâce au maire, mais aussi à toutes les autres autorités.
En fait, certains estimaient qu’ils n’avaient pas été pris en compte dans le dédommagement. Nous pensons que d’ici à 2015, au moins deux universités vont sortir de terre. On peut donc dire que le Président de la République pourra tenir sa promesse, même si ce ne sera pas à 100%, ce sera au moins à 80 ou 95%.
Nomination du président de l’Université
S’agissant de la désignation des présidents d’université, il faut que l’on se comprenne bien. Il y a ce que le ministre de l’Intérieur et celui de la Recherche scientifique ont fait pendant cette période que je considère comme une période transitoire, en nommant un président à la tête de l’université de Cocody, un autre à la tête de l’université d’Abobo-Adjamé. Cela relève de la gestion des urgences.
Le président de l’université de Cocody, vous savez bien était Aké n’Gbo. Les textes disent que quand le président de l’université est empêché de façon absolue, on procède à de nouvelles élections, dans un délai d’un mois. Entre temps c’est le secrétaire général qui gère les affaires courantes à l’université.
Il a dit que le Cames est tout aussi important pour lui. Donc il ne pouvait pas différer, ni remettre, encore moins renoncer à son départ au Cames. Et il y est parti au sans avoir déposé son dossier. Tout était ficelé, clos. Quand il est revenu, il a tenu absolument à être candidat. Je lui ai dit que c’est terminé, les candidatures sont closes. Il me dit qu’il faut qu’il soit candidat.
Présidence de l’université
Le président de la République d’alors m’a dit que je suis un peu trop pressé. Alors, devant témoins, je lui ai rétorqué : « Voilà les faits : c’est vous qui avez signé un décret, en 2001, qui indiquait comment l’élection d’un président à l’université doit être organisée. Les délais à respecter, les dossiers à constituer, le profil des candidats… ». Pendant que moi, je ne faisais qu’appliquer ce décret, le président m’a dit : «Arrêtez ! L’université de Cocody est la plus importante du pays, je ne veux pas avoir de difficultés, du fait de mouvements d’humeurs. Moi, j’ai renoncé à appliquer l’article 35, pourquoi ne voulez-vous pas qu’un candidat se présente ?»
Or, je n’avais aucun problème avec un candidat ! Pour ceux qui ne le sauraient pas, j’ai fait la même université, celle des sciences sociales de Toulouse, avec Aké N’Gbo. J’étais à la faculté de droit, et lui, à celle de sciences économiques. On se connaît bien.
Finalement, ce qui devait arriver est arrivé. Il a pu participer à l’élection envers et contre les textes. Ce faisant, il a pu s’appuyer sur la Fesci. C’est elle qui a fait sa campagne, qui a mis en déroute beaucoup d’enseignants qui étaient soupçonnés d’être des électeurs potentiels du Pr Bakayoko Ly Ramata. C’est donc la Fesci qui a élu Aké N’Gbo et tout le reste. Sa victoire était déjà prévisible. Son élection n’était qu’un simple leurre.
Ma vision
En définitive, pour vous dire pourquoi je suis, à titre personnel, favorable à la nomination d’un président d’université, c’est bien parce que l’élection a montré ses limites. En plus, celui qui est élu ne répond plus de personne.
Aussi bien de ses électeurs qui sont censés être les enseignants que de l’autorité administrative. Plusieurs fois, par exemple, des enseignants de l’université de Cocody se sont plaints du Pr Téa Gokou (ancien président d’université ndlr) et ont exigé son départ.
Il leur a répondu qu’ils pouvaient continuer à faire tout ce qu’ils voulaient. Car son élection avait été confirmée par décret ne vient pas l’abroger, tout ce qu’ils font ne peut avoir raison de lui. En même temps, vis-à-vis du pouvoir qui consacre son élection par décret, il dit qu’il est élu et qu’il n’a pas de compte à rendre, particulièrement, au ministre. En tout cas, à moi, il n’a pas rendu de comptes, car, selon son entendement, il n’avait pas à le faire. Même pas sur les 518 millions. J’ai convoqué un conseil extraordinaire de gestion que j’ai présidé. Personne n’en savait rien. Même pas la comptable qu’on a convoquée expressément.
Au finish, le président Téa Gokou est allé dire à la présidence (en tout cas ceux qui avaient des oreilles pour entendre et des yeux pour voir l’ont suivi à la télévision, sur la 1ère chaîne), au cours d’une audience à laquelle je n’ai pas participé, qu’il fallait que l’Etat aide l’université de Cocody. Que l’Etat octroie une aide de 2 milliards de Fcfa, au moins. Après, à la question de savoir s’il avait porté plainte et qu’il ait répondu qu’il n’y avait pas songé, il demande 2 milliards.
Quand ils sont élus, ils se croient tout permis. Disons même, intouchables. Entre ma position et celle du gouvernement, il peut y avoir hiatus.
Le président de la République, le gouvernement peuvent demander de maintenir l’élection et suggérer qu’on mette en conformité le décret qui existe actuellement avec une loi. Cela sera fait.
Mais, au plus profond de moi, je pense qu’il faut nommer les présidents d’université. D’autant plus que dans l’absolue majorité des 19 pays du Cames, à 2 exceptions près, c’est la règle.
...
FESCI
Il faudrait que les choses soient dites de façon claire et directe. Je suis contre la suppression de quelque syndicat que ce soit. Parce que de mon point de vue, c’est anti-constitutionnel de dissoudre une association. On peut déplorer, en revanche, le fait qu’un syndicat se soit détourné de ses tâches originelles ou se soit transformé en milice ou encore se soit laissé instrumentaliser.
Il faut faire en sorte de le ramener dans son lit. La Fesci, comme beaucoup d’autres syndicats, doit contribuer de façon efficace à l’amélioration des conditions de vie et de travail à la fois des enseignants et des chercheurs mais aussi et surtout des étudiants qui sont leurs adhérents.
Mais hélas, nous avons constaté qu’elle est sortie de ce champ pour se transformer en milice en mettant sous l’éteignoir tous les autres acteurs.
Exemple, c’est la Fesci qui prenait les sommes versées pour les inscriptions pédagogiques. Un doyen d’une Ufr m’a interpellé lors des travaux pour me dire que je ne me rends pas compte de la bouffée d’oxygène que je lui apporte par la fermeture de l’université. Il m’a informé qu’à son niveau, après les inscriptions, les étudiants de la Fesci sont venus prendre le tiers de la recette sous prétexte qu’ils ont des dépenses à faire. Une ou deux semaines après, ils sont revenus réclamer les 2/3, c’est-à-dire une somme de 63 millions. En réalité, ce sont eux qui géraient l’université. Ils influaient sur les notes des professeurs.
Quand on voit tout cela, sans compter la gestion des cités universitaires qui étaient la face visible de l’iceberg, on peut effectivement être amené à se demander s’il ne fallait pas dissoudre la Fesci. A ce stade, je dis non. Il faut la ramener, comme toutes les autres organisations syndicales, là où elle doit être.
Il faut que la démocratie se manifeste en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs une recommandation de la Banque mondiale et de l’Uemoa. Il faudrait que la démocratie sociale joue en plein dans les universités, car c’est un facteur de bonne gouvernance.
Il est vrai que ce qui s’est passé a profité à un syndicat, mais il faut faire en sorte de le ramener là où il doit intervenir.
...
Frais d’inscription
Pour les frais d’inscription dans les universités publiques, ils sont à 6 000 F Cfa depuis 1968 ou 1972. Dans le même temps, savez-vous le coût de la formation d’un étudiant ?
C’est-à-dire pour donner une formation de qualité, avec tout ce que vous pouvez mettre dans cette notion de formation de qualité. C’est-à-dire une formation qui débouche sur l’emploi, une formation qui donne une compétence.
Selon des études des organismes internationaux, c’est un million deux cents voire cinq cents mille qui constitue le coût de la formation. Dans notre pays, la contribution que l’Etat apporte à ce coût est, je crois, environ trois cent cinquante mille. Pour faire le calcul de cette contribution, ce n’est pas compliqué. Vous prenez le budget qu’on donne à un établissement, vous le divisez par le nombre d’étudiants et vous aurez le coût de cette formation. Quand on a fait toutes ces études, et même sans études, on se rend compte que de 1970 à 2012, ça toujours été 6 000 F Cfa pour les frais d’inscription.
Au point qu’un ambassadeur m’a dit : « Pourquoi vous ne dites pas que c’est gratuit ! Ce serait plus simple ainsi. Pour dire qu’à l’Université on entre pratiquement gratuitement pour faire sa formation, parce que 6 000 F Cfa ne correspondent a rien du tout »
J’étais très mal placé pour lui donner quelques explications parce que je n’aurais pas pu le convaincre. Donc, les droits d’inscription ne correspondent, à la date d’aujourd’hui, à rien du tout. Cela dit, il n’appartient pas au ministre, avec tous les pouvoirs que vous pouvez me prêter de procéder à une augmentation des droits d’inscription.
Ce sont les décrets de créations d’organisation, et du fonctionnement des différentes universités qui prévoient, dans un article, que c’est le Conseil d’Université qui détermine le niveau des frais d’inscription. Le ministre n’intervient ou ne peut intervenir qu’à posteriori. S’il y a des arbitrages à faire pour une raison ou une autre, le ministre peut intervenir. Mais, la décision d’augmenter ou de réduire les droits d’inscription, relève du pouvoir discrétionnaire des Conseils d’Université.
Propos recueillis par
LANDRY KOHON
PAUL BAGNINI
RÉMI COULIBALY
HADJA SIDIBÉ
ISSA T. YEO
PASCAL SORO
PRESTHONE BROU
ADAM KHALIL
MARIE ADÈLE DJÉDJÉ
GHISLAINE ATTA
Coordonnation
GERMAINE BONI
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