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mercredi 8 février 2012

GBAGBO: "Je salue tous ceux qui se battent pour que la vérité éclate"

Après sa rencontre historique avec le président Gbagbo à La Haye: Miaka Ouretto parle et dit tout


 
Source : Notre voie
Sylvain Miaka Ouretto, le président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI) a eu une rencontre historique avec le président Laurent Gbagbo le lundi dernier à La Haye de 10h à 12h 55 min. Il a confié ses impressions à chaud à eventnews.fr, une télévision en ligne. Une interview que nous vous proposons ci-dessous. Joint au téléphone hier, Sylvain Miaka a indiqué que son programme va le conduire à s’entretenir avec toutes les associations et personnalités actives en Europe.
Bonjour M. le Président. Vous venez de vous entretenir avec le Président Laurent Gbagbo. Comment va-t-il ?
Miaka Ouretto : Il va très bien. Ecoutez, pour l’environnement de prison, on ne peut pas se porter comme si on était chez soi. Mais pour l’essentiel, il se porte bien. Parce que j’ai trouvé un homme vif, en pleine possession de ses capacités et qui était très enthousiaste de me voir. Moi aussi j’étais content ; on s’est fait des accolades. Il a, en tout cas, toute sa lucidité, toutes ses idées en place. Parce qu’il demandait après tous les frères, tous les amis. «Depuis quand tu es là ? Comment ça va au pays ? Est-ce qu’Un tel est là ?» Je crois que c’est cela l’essentiel qui réconforte.
Bien évidemment, avec l’âge qu’il a, Laurent Gbagbo ce n’est pas un adulte de 45 ans, il a aujourd’hui 66 ans bien sonnés.
Donc, vivre dans ces conditions, ça fatigue un peu. Il m’a dit qu’il a glissé dans l’escalier, donc au niveau du déplacement il avait quelques petites difficultés. Sinon pour l’essentiel tout va bien.

• Le 5 décembre dernier, devant la Cour, il a dit qu’il fallait aller jusqu’au bout. Quand vous l’avez vu, est-ce qu’il est vraiment prêt à aller jusqu’au bout ?
- Quand il dit qu’on ira jusqu’au bout, ça veut dire que sur le plan de la procédure judiciaire, il est prêt à se soumettre à toutes les questions qu’on voudra lui poser. Et il est prêt à donner toute sa part de vérité aussi. Je crois que c’est cela. Parce qu’il s’est raconté tellement de choses. Nous sommes dans un environnement où trop souvent, beaucoup de manipulations se font et beaucoup de contrevérités se disent. Donc, quand il dit cela, ça veut dire que la procédure doit être épuisée. Et sa part de vérité, il la dira avec courage, avec détermination. Et je crois qu’il est dans l’état d’esprit de tenir parole.

•Quel est le contenu de la rencontre de ce matin ?
-La rencontre de ce matin, la première démarche, c’est une démarche affective. On sait ce qui est arrivé le 11 avril 2011. Ça fait quand même longtemps. Il y avait l’envie de le voir. Je suis aujourd’hui le responsable du parti dont il est le fondateur. Donc à travers ma modeste personne, c’est le regard de tous les militants du Fpi. J’avais envie de rencontrer l’homme physiquement, de voir comment il se porte pour que je sois rassuré. Mon modeste regard, c’est aujourd’hui le regard de tous les militants du Fpi, le parti dont il est le fondateur, c’est le regard aussi du peuple ivoirien qui reste profondément attaché à Laurent Gbagbo. Ensuite, en tant que président du parti, lui donner les nouvelles du pays de façon générale et les nouvelles du pays de façon particulière. Et après tout, si nous sommes aujourd’hui responsable du parti, il n’en reste pas moins que Laurent Gbagbo, c’est un cerveau. Au plan politique, le pays est en train de bouger. Il y a beaucoup de choses qui se passent. Et pour pouvoir prendre un ensemble de décisions, nous avons besoin de venir à la source. Il était question qu’ensemble, on précise les perspectives. C’est pour cela que je suis venu.

•Mais concrètement, quel a été le contenu ? De quoi avez-vous parlé ?
- C’est de tout cela que nous avons parlé. Des affaires politiques. Mais la procédure au niveau de la Cpi n’autorise pas qu’on explicite tout ce qu’on a eu à échanger.

•Revenons maintenant au parti. Certainement que vous avez eu à parler de la vie du parti…
-Absolument !

•Quel a été son avis ?
-Nous avons présenté les conditions difficiles dans lesquelles nous nous battons pour remettre le parti sur pied, avec l’engagement de tous nos militants et de toutes les bonnes volontés. Parce que la lutte qui est engagée pour obtenir la libération de Laurent Gbagbo, ce n’est pas seulement le fait des seuls militants du Fpi. C’est le fait de tous les Ivoiriens, de tous les Africains. Donc nous lui avons dit que le parti va bien et que nous sommes en train de nous battre. Mais que malheureusement, il y avait un environnement politique qui devenait de plus en plus contraignant. Parce qu’il y avait un peu de cacophonie. Et que nous entendions, au retour d’ici, appeler les uns et les autres, les féliciter et leur demander que nous regardions tous dans la même direction. Et qu’on mette quelque peu fin à la cacophonie.

Est-ce qu’il est informé de toute la mobilisation qui se tient ici à La Haye depuis son arrivée?
- Il est informé de tout. Et même les prochaines manifestations relatives à la commémoration des évènements du 18 février 1992, il est parfaitement au courant de ça. Et puis, il est informé de tout le travail qui est fait par les intellectuels africains comme les Calixte Beyala. Il m’a même demandé de transmettre toutes ses amitiés à Calixte Beyala, Onana et tous les autres intellectuels d’ici et d’ailleurs. Il les salue. Sans oublier tous ces jeunes ivoiriens qui se battent chacun à son niveau pour que la cause de la justice puisse triompher.

• Concernant sa défense, comment entend-il lui-même s’en sortir ?
- Il m’a demandé de prendre contact avec son avocat, Me Altit. Et de ce pas, quand je vais arriver à mon hôtel, je vais l’appeler pour que nous ayons un tête-à-tête et qu’il puisse m’informer amplement. Mais lui-même est suffisamment assis pour assurer sa défense.

• Est-ce que vous avez parlé de la politique ivoirienne, de la sortie de Ouattara, de tout ce qui se passe à Abidjan avec les Frci… ?
- Bien évidemment, je lui ai présenté un peu la situation qui prévaut en ce moment dans notre pays où c’est le désespoir et la désolation. Parce qu’aujourd’hui, l’Ivoirien vit dans la hantise, la peur du lendemain. Qu’est-ce que je vais devenir demain ? Au niveau de tous les secteurs, c’est l’angoisse. Vous prenez l’école, tout le monde est anxieux. Les élèves se sont battus, ils ont eu le Bac et puis aucune université ne fonctionne. On nous dit que l’ouverture des universités c’est en octobre 2012, ce n’est même pas évident. Ce ne sont que des hypothèses. Donc les parents qui se sont battus pour que leurs enfants aillent à l’école ont du souci. Au niveau des autres secteurs, avec les licenciements, la chasse à l’homme partout, que ce soit au niveau du secteur public que du privé, c’est la grande angoisse. On a eu à parler de tout cela.

• Le 11 décembre 2011, il y a eu les législatives que le Fpi a boycottées. Bientôt, ce sont les municipales. Est-ce qu’il y a eu un mot d’ordre ?
- Nous avons une proposition. Nous lui avons exposé cette proposition. Il a trouvé qu’elle était tout à fait juste. Qu’il appartenait au pouvoir de créer les conditions pour que la paix et la réconciliation soient effectives. Et que tout le monde puisse aller aux élections. Le Fpi est un parti des élections. Mais le Fpi n’entend pas se présenter à des élections pour donner l’onction à un pouvoir qui refuse la démocratie. Et qui préfère la dictature à la démocratie. Si les conditions que nous avons posées, qui n’ont pas été satisfaites et qui ont fait que nous n’avons pas participé aux législatives, ne sont pas remplies, il est évident que pour les élections à venir, nous allons rester dans notre coin.

•Tout récemment, le président Ouattara a dit sur une chaîne de télévision française que le seul Ivoirien qui va être jugé par la Cpi c’est bien le président Laurent Gbagbo et queles autres cas seraient jugés en Côte d’Ivoire. Est-ce que vous avez évoqué ce problème ?
-Malheureusement, nous n’avons pas eu à en parler. Mais je crois que lorsque le président Ouattara le dit, nous considérons que ce n’est pas juste. Dès lors qu’il a toujours dit qu’il luttait pour que la Côte d’Ivoire soit un Etat de droit, l’Etat de droit c’est d’abord la justice. C’est l’impartialité de la justice. Et c’est pour cela que nous parlons de justice des vainqueurs. Parce que la crise que notre pays a vécue qui est une crise profonde, nous ne croyons pas que Laurent Gbagbo en soit le seul responsable. Les responsables, ils sont là et ils ne sont pas cachés, ils sont nombreux. Donc, c’est eux tous qui devaient être traduits devant la Cpi. Etant donné qu’il a été toujours avancé par les autorités de notre pays que notre justice ne remplissait pas toujours toutes les conditions pour juger les crimes de sang et les crimes contre l’humanité.

• Depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, on a vu que le Fpi a failli voler en éclats. On a vu d’autres mouvements se créer au niveau de Lmp. Est-ce que vous pensez que cet était de fait peut contribuer à sortir Laurent Gbagbo de là où il est ?
- Ce sont des choses qui arrivent au niveau de toute organisation. Surtout quand vous êtes dans un moment de panique, d’extrême terreur, chacun cherche plutôt une planque quelque part. Et c’est pour couvrir cette désolation et ces fuites, que les gens font ça. Mais ceux qui partent sont seuls à savoir le poids qu’ils représentent au sein de la structure qu’ils veulent quitter.
Nous avons connu ces turbulences, le navire a tangué mais il n’a pas coulé. Et il ne coulera jamais. Nous nous sommes ressaisis. Nous pensons que le FPI est aujourd’hui dans une position telle qu’il se battra jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la libération du président Gbagbo et jusqu’à ce que le droit soit dit.

•Vous a-t-il confié d’autres secrets d’Etat?
-Nous n’avons pas eu à parler de secret d’Etat. Nous avons évoqué la santé du parti. Je crois que c’était ça l’essentiel. Il était question de le voir physiquement, comment il se porte. Nous sommes satisfaits.

•Quand comptez-vous le revoir ?
-Quand Dieu le permettra, les jours ou les mois à venir.

•Beaucoup de gens disent que vous êtes venu ici pour arrêter des stratégies de combat de lutte. Est-ce que ça a été le cas ?
-Des stratégies de combat de lutte ? Souffrez que je n’aille pas au fond de ces choses. Nous sommes un parti politique, nous avons toujours eu notre méthode de lutte. Nous regardons tous vers l’avenir. On va voir ce que l’avenir dira.

Source : eventnews.fr
Retranscription :
Augustin Kouyo

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