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COTE D'IVOIRE
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Souveraine

mardi 28 juin 2011

Comment entrer au Dioulabougou

Suspension de l'auteur de l'article " Comment entrer au Dioulabougou" : GERMAIN SEHOUE dénonce le jugement sélectif du CNP.
Source : Telediaspora.net
 
GERMAIN SEHOUE
10 BP. 983 Abidjan 10
Cel : 225- 05 89 54 44

                                                                                                                                                        Abidjan, le 22 juin 2011
       

                                                                                                                                 A Monsieur le Président du Conseil National de la Presse (CNP)
                                                                                                                                 Abidjan

Objet : Recours gracieux
 
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur par la présente de former entre vos mains un recours gracieux tendant à annuler la décision No 06 en date du 11 juin 2011 notifiée le 14 juin 2011, du Conseil National de la Presse portant suspension du journaliste Germain Séhoué, c’est-à-dire moi. Laquelle suspension pour deux (02) mois avec retrait de la carte de journaliste est une sanction relative à mon article intitulé : « Comment entrer au Dioulabougou ? » publié en page 2 du quotidien Le Temps No 2382 du vendredi 11 juin 2011 dans la rubrique « DU TAC AU TAC ». 
Cette mesure (deux mois de suspension) alors que le journal employeur a été frappé d’une suspension de 6 parutions, me parait excessive. Ce, à la lumière de la jurisprudence du CNP en la matière.
En effet, depuis des années, j’ai constaté, comme bien d’observateurs attentifs de la vie politique et sociale en Côte d’Ivoire, que le CNP s’est donné une ligne de conduite, en laissant les journaux et les journalistes proches du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) se porter à des extrémités relativement à l’offense au chef de l’Etat, à l’incitation au tribalisme, à la haine tribale, à la révolte, à la rébellion, au crime et au délit, à l'outrage aux bonnes mœurs et à l’attaque de la Côte d’Ivoire par des Forces étrangères. Lorsque le CNP frappait véritablement, c’était dans le camp de la presse proche de La Majorité Présidentielle (LMP).
Remontant dans le temps, je constate selon le tableau des réactions du CNP par quotidien au cours de l’année 2007 (de janvier à décembre), que cinq (05) organes proches du Président Laurent Gbagbo (Afrique Matin, Le Courrier d'Abidjan, Le matin d'Abidjan, Le Temps et Notre Voie) ont totalisé 13 interpellations, 18 avertissements et 18 blâmes. Or, pour la même période, douze (12) journaux de l’opposition (l'Intelligent d'Abidjan, le Nouveau Réveil, DNA, Le Patriote, Le Rebond, 24 Heures, L'Événement, Dialogue, Le Jour plus, Nord-sud quotidien, Nuit et Jour et Repère) n’ont connu que 19 interpellations, 18 avertissements et 18 blâmes.
Déjà seulement à ce niveau, je constate que le CNP a fait un ravage silencieux dans le camp de la presse dite « bleue ». Et quand on sait l’irrévérence notoire des confrères du RHDP à l’égard des institutions de la République sous le régime d’alors, on est simplement surpris du faible nombre de réactions du CNP à vis-à-vis d’eux. Et cette grâce pour ces confrères va se poursuivre. 
Le jeudi 27 août 2009, par exemple, le quotidien Le patriote crée le scandale en mettant à sa une : « En visite d'Etat à Issia aujourd'hui, Gbagbo au pays des paresseux ». Et selon le propre communiqué de presse du CNP du 28 août 2009, « Cet article (…) recèle des injures intolérables à l'endroit du Chef de l'Etat, et de graves impertinences vis-à-vis du Ministre d'Etat Paul-Antoine BOHOUN BOUABRE et du Ministre Désiré TAGRO. En effet, la loi 2004-643 du 14 décembre 2004, dispose en son article 78 que « toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait est une injure ». De surcroît, ledit article constitue également une atteinte grave à l'honorabilité et à la dignité de toute la communauté indexée… ». Mais ce manquement restera impuni.
De même, les dérapages continuant, les appels à la guerre, la célébration des commandos tueurs par ces confrères, étaient tels que l’opinion avait commencé à s’inquiéter. 
Face à cette clameur publique, le CNP, au lieu de prendre des sanctions de nature à décourager les auteurs de ces articles et les journaux qui les publient, s’est limité à produire le communiqué désincarné du 26 janvier 2010 dont voici la teneur : «  Le Conseil National de la Presse (CNP) constate que, de plus en plus, certains journaux, à travers leurs écrits et leurs images, appellent régulièrement, de tous leurs vœux, à une confrontation militaire en Côte d’Ivoire. Le CNP, sans dénier aux journalistes leur droit d’informer sur les faits d’actualité, déplore ces apologies de la guerre qui préparent les esprits à un affrontement et créent la psychose au sein des populations déjà éprouvées par des années de souffrance. C’est l’occasion, pour le CNP d’inviter tous les organes de presse à mettre un terme à la publication de tous écrits qui contiennent des appels à la violence. »
Monsieur le Président,
Le quotidien qui avait publié à sa une la carte d’une Côte d’Ivoire divisée et que notre pays a effectivement fini par être divisé, Le Patriote, ne s’est pas amendé. Son exemple suivant est même un cas d’école dans la partialité du CNP.
Selon la Décision n°004  du CNP, du 01 Février 2010 portant sanctions applicables au quotidien  « Le Patriote », « dans son édition des samedi 23 et dimanche 24 janvier 2010, a publié, à sa Une, le titre qui suit: « Ils sont tribalistes, ivoiritaires et xénophobes - Voici les nouveaux ennemis de la paix » Accolées à ce titre, figurent les photographies respectives de la Député Odette LOROUGNON, de l'ancien Ministre ABOUO N'DORI Raymond, de la Ministre Christine NEBOUT ADJOBI, du Ministre Désiré TAGRO et du Député Martin SOKOURI BOHUI ;
2) Que l'article relatif à cette Une est publié en page 3 avec le titre suivant : « Liste électorale provisoire - Le FPI pris en flagrant délit de tribalisme » ; En dessous figure un encadré avec ce titre : « Voici la liste de ceux qui organisent la fraude » ;
3) Que dans l'article relatif à la Une incriminée, il est écrit ceci, s'agissant du Président Laurent Gbagbo et des responsables du FPI : « S'il y'a bien des personnes qui tombent sous le coup de la loi 2008-222 du 04 août 2008 portant répression du racisme, de la xénophobie, du tribalisme et des discriminations raciale et religieuse, ce sont bel et bien Laurent Gbagbo et ses camarades de la minorité présidentielle » ;
4) Que selon l'auteur de l'article, « les personnes susvisées se livrent à une dénonciation calomnieuse à l'encontre des hommes et les femmes du Nord d'autant que - 99% pour ne pas dire 100%- des personnes considérées comme des « étrangers » ont quasiment toutes des patronymes à consonance nordique ou des patronymes qu'on rencontre dans d'autres pays de la sous-région, surtout ceux du Nord » ;
5) Que toujours selon le journaliste, « ce qui est encore flagrant et qui montre que les contestations introduites par les pontes du FPI ne reposent que sur le critère tribal, c'est lorsqu'on jette un œil sur la liste des personnes dont le FPI  souhaite l'inscription sur la liste électorale, si ce ne sont pas des noms originaires de l'ouest du pays, ce sont pour la plupart des patronymes qu'on retrouve dans la partie sud de la Côte d'ivoire » ;
6) Que cet article est accompagné d'un tableau avec l'intitulé suivant : « voici la liste de ceux qui organisent la fraude » ;
Que sur cette liste, non exhaustive selon l'auteur, figurent les noms des personnes taxées de se livrer à cette contestation calomnieuse dont les personnes citées et présentées à la Une du journal ;
7) Que sans préjuger de la véracité ou non des informations contenues dans cet article, le CNP relève cependant qu'il contient des termes incitatifs à la révolte et susceptibles de livrer les personnes présentées comme « les nouveaux ennemis de la paix » à la vindicte populaire ;
8) Que par ailleurs, toujours dans la même édition, dans un article publié en page 3 et intitulé «IMPLICATION DES PREFETS DANS LE CONTENTIEUX - Tagro, le pyromane qui va perdre GBAGBO », sont tenus des propos gravement diffamatoires et injurieux à l'encontre du Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, Monsieur Désiré TAGRO ;
9) Qu'un blâme en date du 27 janvier 2010 a sanctionné ces manquements ;
10) Que nonobstant ce blâme, Le Patriote, dans son édition      du jeudi 28 janvier 2010 publie un article annoncé à la Une sous le titre suivant : « Massacres d'octobre 2000 et de mars 2004, donc GBAGBO a fait tuer des ivoiriens pour rien ! » ;
11)  Que dans cet article, le Président de la République est présenté comme le commanditaire de ces massacres alors qu'aucune preuve n'est rapportée pour corroborer ces graves assertions ;
12)  Que face à cet autre manquement, le CNP a blâmé à nouveau Le Patriote et l'a « fermement invité à la modération et à la retenue, notamment en ce qui concerne (ses) Unes » ;
13) Que par ailleurs, dans son édition du vendredi 29 janvier 2010, Le Patriote titre à sa Une : « Charles Blé Goudé - Le petit voleur qui veut être grand - De la machette au vol de la licence - Comment il a ruiné l'Ecole ivoirienne - Milliardaire sur le dos des "jeunes patriotes" » ;
14) Que dans l'article publié en page 2, sous la plume de Monsieur Edgar KOUASSI, Monsieur Charles Blé GOUDE a été l'objet d'injures et de railleries de toutes sortes ;
15) Que notamment, aux premières lignes de l'article et sans qu'il soit besoin de relever les nombreuses autres avanies y contenues, l'on peut lire ceci : « Consacrer un article, donc du temps et de l'espace, à un individu comme Charles Blé Goudé - pour, de surcroît et fatalement, en étaler la laideur morale, qui est sa principale marque définitoire - est un exercice sacrement difficile, qui s'apparente rien moins qu'à de l'auto-souillure intellectuelle.
C'est comme si on vous tendait un chiffon maculé d'escriment (sic) et qu'on vous demandait de vous en enduire  (...) » ;
Article 2 : Relève
1) Que le titre de l'édition susvisé des samedi 23 et 24 janvier : « Ils sont tribalistes, ivoiritaires et xénophobes - Voici les nouveaux ennemis de la paix », accompagné de la photographie des mis en cause suffit à exposer ceux-ci au courroux et à la vindicte des personnes concernées par le sujet ;
2) Que le traitement ainsi fait de l'information est constitutif d'atteinte à l'éthique social, par une incitation au tribalisme, à la xénophobie et à la révolte et viole ainsi gravement l'article 9 du Code de Déontologie du Journaliste Ivoirien et l'article 69 de la loi du 14 décembre sur la presse ;
3) Que s'agissant du titre de l'édition du vendredi 29 janvier 2010 : « Charles Blé Goudé - Le petit voleur qui veut être grand - De la machette au vol de la licence ...», tel que libellé, il constitue déjà en soi une injure intolérable à l'endroit de Monsieur Charles Blé Goudé ;
4) Que l'article relatif à ce titre, en raison de son caractère particulièrement haineux et des avanies inacceptables qu'il contient, ne peut que valoir à l'organe de presse l'ayant publié, une sanction ferme ;
5) Qu'en raison du caractère sensible de la période actuelle de précampagne, la presse a été appelée à œuvrer à un climat social apaisé ;
6) Que suivant une Décision n° 001/10/CNP du 14 janvier 2010, confortant en cela les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, le CNP a notamment interdit « tous écrits de nature à porter atteinte ... à l'honneur et à la considération des personnes ou de nature à inciter à la haine sous toutes ses formes, à la violence... » ;
7) Que le quotidien Le Patriote s'est vu infliger deux (02) blâmes en moins d'une semaine ;
8)  Que les injures proférées à l'encontre d'un leaders des "jeunes patriotes" Monsieur Charles Blé Goudé, par leur virulence, font peser des risques d'exacerbation d'une tension latente bien perceptible ;
9) Qu'aux termes des dispositions pertinentes de la loi du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la Presse, notamment son article 47, le CNP est fondé à s'autosaisir en cas de violation des dispositions de la loi du 14 décembre 2004 susvisée et des règles d'éthique et de déontologie de la profession de Journaliste ;
Article 3 : Décide en conséquence de ce qui précède :
1) La suspension du journal  Le Patriote  pour une durée de trois (03) jours, conformément aux articles 47 et 70 de la loi N° 2004 -643 du 14 décembre 2004 Portant Régime Juridique de la Presse »
On se rend compte au point 2 de l’article 2 de cette décision, que le délit (atteinte à l'éthique social, par une incitation au tribalisme, à la xénophobie et à la révolte et viole ainsi gravement l'article 9 du Code de Déontologie du Journaliste Ivoirien et l'article 69 de la loi du 14 décembre sur la presse) est également passible des peines prévues par les articles 174 et 175 du code pénal, mais le CNP s’est bien gardé de franchir le pas et de le notifier au quotidien Le Patriote, alors qu’il le fait allègrement contre Germain Séhoué.
De même, malgré la multiplicité des manquements du confrère, il n’a été frappé que d’une suspension de trois (03) parutions, et ses journalistes n’ont pas été inquiétés, alors que pour un seul billet, dont le CNP ne remet pas en cause la véracité des termes sur le terrain, mais les circonstances de leur emploi, Le Temps en a pris six (06) et l’auteur de l’article est suspendu pour deux (02) mois.
A ce niveau,  selon l’article 47 de la loi N° 2004 – 643 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse, « En cas de manquement aux règles relatives (…) aux règles d’éthique et de déontologie de la profession de journaliste, le Conseil National de la Presse peut prononcer les sanctions disciplinaires suivantes : (…) Sur le journaliste :
1.      l’avertissement ;
2.      le blâme ;
3.      la suspension ;
4.      la radiation.
La suspension entraîne de plein droit le retrait de la carte professionnelle pendant la durée de ladite mesure (…) »
Mais Germain Séhoué n’ayant jamais reçu d’avertissement ni de blâme de la part du CNP, et aucun journaliste n’héritant du passif de son collègue, par quel miracle le CNP lui a-t-il infligé une suspension qui va jusqu’à deux mois ?
 Monsieur le Président,
Au regard de ce qui précède et de la jurisprudence que le CNP s’est donnée, j’ai l’impression d’être victime d’une justice à double vitesse ou celle des vainqueurs. Je comprends donc difficilement qu’au-delà de la sanction qui frappe mon journal, je fasse l’objet, à titre personnel, de la peine que le CNP m’a infligée.
C’est pourquoi, pour la crédibilité de la presse ivoirienne et du Conseil National de la Presse (CNP), je voudrais vous prier de bien vouloir rapporter cette décision ou, à défaut, la réduire à des proportions plus clémentes, qui ne couvrent pas cette sanction à un journaliste de l’opposition, d’un caractère d’intimidation, de chasse aux sorcières ou de règlement de compte.
Toute ma considération.
 
Germain Séhoué
 
 
PJ : Décision No 06 du CNP
Ampliation :
-         Ministre de la Communication
-         UNJCI
-         SYNAPP-CI
-         GEP-CI

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