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jeudi 17 mars 2011

CRISE POST ELECTORALE EN CI: La thèse d'un troisième homme en lieu et place des deux protagonistes

Côte d'Ivoire/Entretiens  - 
Article publié le : mercredi 16 mars 2011 - Dernière modification le : jeudi 17 mars 2011

Regards croisés de Michel Galy et Véronique Tadjo sur la crise en Côte d'Ivoire

Par Christophe Champin
Alors que la Côte d'Ivoire s'enfonce dans la crise, nous vous proposons un entretien croisé, deux regards sur la crise. Michel Galy est sociologue, spécialiste de la Côte d'Ivoire et des conflits en Afrique de l'Ouest. Véronique Tadjo est écrivaine et universitaire. Elle est actuellement basée en Afrique du Sud où elle dirige le département de français de l’université du Witwatersrand (Johannesburg).

RFI: L’Union africaine a de nouveau reconnu pour seul président élu Alassane Ouattara et demandé à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. A-t-elle une chance d’obtenir gain de cause, dans la mesure où le président sortant a, d’ores et déjà, rejeté cette décision ?

Véronique Tadjo, écrivaine
Michel Galy, sociologue
Véronique Tadjo :  Il est très peu probable que l’Union africaine obtienne gain de cause. Le camp Gbagbo a déjà rejeté toutes les propositions, celles-ci ayant pour condition la reconnaissance d’Alassane Ouattara comme président de la République de Côte d’Ivoire.

Michel Galy : Il me semble qu’on revient à la case départ. Il n’y a rien de nouveau, c’est la position d’un certain nombre d’institutions comme la Cédéao, l’Union africaine ou des chancelleries occidentales comme la France et les Etats-Unis. C’est vrai qu’on espérait, notamment du fait des divisions à l’intérieur de l’Union africaine, au moins des propositions innovantes, plutôt qu’un retour à la décision prise juste après la présidentielle. 

RFI:  Si Laurent Gbagbo maintient son refus, que doivent faire la communauté internationale », la Cedéao, l’Union africaine ? 
Michel Galy : Personnellement, je n’ai jamais rencontré la « communauté internationale » en tant que communauté. Elle est, à mon sens, très divisée. Pour certains, par exemple la Cédéao, le recours à une intervention militaire est de nouveau envisagé, mais il faut se souvenir qu’elle n’est légitime ou légale qu’autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Et c’est ça qui me semble très difficile en raison de l’opposition de la Russie et de la Chine, en particulier. Il me semble en revanche qu’il y a, en ce moment, à travers les affrontements qui se déroulent dans les quartiers d’Abobo et Anyama, à Abidjan, et à la frontière ouest, une sorte de guerre par substitution que mènent les alliés d’Alassane Ouattara, notamment le Burkina, peut-être le Nigéria. Il y a dans la zone loyale à Laurent Gbagbo - la zone sud - une infiltration de forces pour le moment indéterminées - c’est pourquoi on l’appelle le « commando invisible d’Abobo » - et qui peuvent venir de Bouaké ou de la zone nord en particulier, sans qu’on sache exactement la nationalité de ces combattants.
Véronique Tadjo : Difficile à dire. Malgré leur soutien à Ouattara, les divergences d’opinions entre la « communauté internationale », la Cédéao et l’Union africaine quant au règlement effectif de la crise sont un obstacle à une action concertée. L’idée d’une intervention militaire doit être abandonnée, car celle-ci entraînerait un nombre très élevé de pertes en vies humaines. Cependant, le mandat des forces onusiennes a besoin d’être renforcé afin qu’elles puissent assurer une plus grande protection de la population civile. Il faut obliger les deux camps à respecter l’embargo militaire. Les combats à l’arme lourde et la présence de mercenaires entraînent une montée incontrôlée de la violence et des tueries des deux côtés. La communauté internationale doit résister à la tentation d’apporter un soutien militaire aux forces pro-Alassane, qu’elles se cachent derrière un « commando invisible » ou non.

L.K. Gbagbo (Pr élu), A.D. Ouattara (RDR)

RFI: Vu la radicalisation des positions dans les deux camps, si l’un ou l’autre des « présidents » parvient à être le seul aux commandes, pourra-t-il encore prétendre diriger l’ensemble de la Côte d’ivoire ?
Véronique Tadjo : Non, aucun des deux « présidents » ne peut prétendre pouvoir gouverner le pays dans son intégralité. Depuis plus de dix ans, la Côte d’Ivoire est coupée en deux et cette nouvelle crise n’a fait qu’approfondir la cassure. Si Gbagbo s’entête à vouloir rester au pouvoir, ce sera sans le Nord qui va se replier encore plus sur lui-même. Quant à Ouattara, sera t-il capable de réunifier le pays ? Car c’est là la question principale. La Côte d’Ivoire doit rester une et indivisible. Regardez ce qui se passe au Soudan actuellement. Le référendum en faveur de l’indépendance du Sud-Soudan ne semble pas avoir été la formule magique. De nouveau, des affrontements entre l’armée du Sud-Soudan et des groupes rebelles ont fait de nombreuses victimes, mettant en danger les accords de paix. Par ailleurs, Ouattara propose la formation d’ un gouvernement d’union s’il est à la tête du pays. Mais on a eu amplement l’occasion de constater en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique que les gouvernements d’union nationale ne produisaient pas de résultats positifs durables.
Michel Galy : Il y a un double problème. D’une part, il est évident qu’Alassane Ouattara ne veut pas être seulement président à Bouaké et Korhogo, il veut gouverner l’ensemble du pays. Mais les choses sont allées tellement loin, à cause des combats - mais aussi d’un certain nombre de préjugés, il faut bien le dire, notamment des « sudistes » envers les « nordistes » - qu’il me semble très difficile qu’il gouverne Abidjan. Et il n’est pas envisageable qu’il gouverne un champs de ruine avec des milliers, voire des dizaines de milliers de cadavres. Pour Laurent Gbagbo, le problème est symétrique. Il n’a aucune envie de ne gouverner que la zone sud, une sorte de « Gbagboland », comme disent ses adversaires. On peut faire le parallèle avec la République démocratique du Congo, au moment des rébellions qui tenaient plus de la moitié du pays, il y avait tout de même un sentiment national congolais- de même qu’il y a un sentiment national ivoirien partagé. De plus, pour Laurent Gbagbo se pose le problème de gouverner la capitale. Est-ce qu’il peut encore gouverner des quartiers à très grande majorité « nordistes », comme Abobo ou Anyama, voire des zones en pays baoulé qui ont voté pour son adversaire au second tour ?

RFI: Certains évoquent la possible émergence d’un troisième homme…
Véronique Tadjo : Malgré les difficultés que cette option peut poser, je reste convaincue que c’est la meilleure solution pour la Côte d’Ivoire. Il faut que cette crise nous permette de repartir sur de nouvelles bases en changeant le paysage politique dominé, depuis la mort d’Houphouët-Boigny en 1993, par trois hommes : Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Aucun d’entre eux ne détient la réponse aux maux qui minent le pays. D’une manière ou d’une autre, à un moment de l’histoire de la Côte d’Ivoire, ils ont accentué les problèmes au lieu de les résoudre. Le vrai changement pour la Côte d’Ivoire, la vraie « révolution », ce serait le renouvellement d’une classe politique qui a montré qu’elle n’était pas à la hauteur des défis historiques qui se posent à elle.
Michel Galy : Avant cela, il faut évoquer l’hypothèse de la partition. Elle fait des adeptes. On y pense beaucoup sans jamais le dire. Cela serait un échec pour Alassane Ouattara. Et ce qui corrobore cette possibilité d’une partition ce sont les flux de réfugiés et déplacés, notamment nordistes dioulas vers la zone nord ou les pays sahéliens comme le Mali ou le Burkina. En même temps que les quartiers d’Abidjan deviennent homogènes sur le plan ethnique comme à Brazzaville et qu’il y a un risque d’affrontements à l’arme lourde entre quartiers, notamment Yopougon, pro-Gbagbo, et Abobo, pro-Ouattara.
Sur le troisième homme, il y a une évidence : en raison de son âge et de son comportement, ça ne peut pas être Henri Konan Bédié. Beaucoup pensent à Mamadou Koulibaly qui est nordiste, président de l’Assemblée nationale et du camp Gbagbo. Pour autant, il a des positions relativement extrémistes contre Alassane Ouattara et son gouvernement et il a déclaré publiquement ne pas être intéressé par la gestion d’une transition. Reste une alternative militaire, selon laquelle le général Mangou [le chef d’état-major de l’armée loyale à Laurent Gbagbo, NDRL] ou un autre militaire, qui prendrait le pouvoir, en cas de troubles ou de guerre civile beaucoup plus avancés.

RFI: Pour certains, la communauté internationale a eu raison de jouer la fermeté en Côte d’Ivoire et aurait même dû aller plus vite et plus loin en intervenant tout de suite militairement. Pour d’autres, il aurait fallu au contraire prendre acte du contentieux électoral immédiatement et envisager un recomptage des voix, voire refaire partiellement ou entièrement l’élection. Votre point de vue ?
Michel Galy : La dite communauté internationale s’est, à mon sens, trop engagée d’un seul côté, à savoir celui d’Alassane Ouattara, et a été trop interventionniste au sens de l’action de l’Onuci. On pense à l’épisode surréaliste où le président de la commission électorale indépendante, puis M. Choi, le représentant en Côte d’Ivoire du secrétaire général de l’ONU, ont certifié Alassane Ouattara comme président. Alors que le mandat de ce dernier était de certifier les bonnes conditions des élections (qui à l’inverse de ce qu’affirme l’ONUCI ne sont , à mon avis, pas régulières au Nord). Cela met le système des Nations unies en porte-à-faux et, à mon sens, l’ONU est très mal placée pour gérer une quelconque transition.
Véronique Tadjo : Je ne crois pas qu’une intervention militaire aurait pu être improvisée à la hâte. Le camp Gbagbo avait déjà prévu cette éventualité et s’était tout de suite mis en état d’alerte. Par contre, le contentieux électoral aurait pu être évité à temps si, au moment du blocage de la Commission électorale indépendante (CEI), le processus avait été arrêté net. Le représentant de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), ainsi que le Rassemblement des Houphouëtistes (RHDP), auraient dû tirer sur la sonnette d’alarme et refuser catégoriquement de continuer tant que le sabotage du travail de la CEI par les alliés de Gbagbo se déroulait en son sein. Il fallait agir vite et de manière décisive. A présent, il y a un contentieux électoral grave dont on doit prendre acte si on veut avancer.

RFI: Les Ivoiriens paient un lourd tribut pour cette situation de blocage politique. Il y a la violence à Abidjan et les affrontements entre militaires des deux camps dans plusieurs autres régions du pays. Les forces de l’ONU et la force française Licorne ne s’interposent pas dans ces combats. Comment analysez-vous cette impuissance des forces dites «impartiales» ?
Véronique Tadjo : Le mandat que le Conseil de Sécurité donne aux forces onusiennes est insuffisant pour qu’elles puissent réussir leur mission de pacification. A tel point que la présence des casques bleus, par exemple, crée une fausse impression de sécurité. Cela peut avoir pour effet d’occulter la réalité sur le terrain. Le massacre de sept femmes à Abobo, une commune populaire d’Abidjan, le 3 mars dernier, au cours d’une manifestation pro-Ouattara réprimée par les forces loyales à son rival, en est la preuve. N’avons-nous donc tiré aucune leçon du Rwanda ?
Michel Galy : Cela illustre ce que je disais sur le rôle partial des deux corps expéditionnaires, à savoir l’ONU et la force Licorne, sachant que l’Onuci a comme mandat de protéger les civils. Que font-ils autour de l’hôtel du Golf avec la force Licorne et les forces rebelles, ce qui est un cas pratiquement unique au monde, au lieu d’être du côté de Duékoué et de Touleupleu, où il y a des dizaines de milliers de civils qui fuient au Libéria devant l’avancée des forces rebelles ? Là on touche un problème de fond qui montre à quel point les corps expéditionnaires se retrouvent dans une position impossible. Pour la force Licorne, c’est un cas un peu différent, puisque ce qui les paralyse c’est la très forte présence de 7 ou 8000 ressortissants français à Abidjan –bien évidemment des boucs émissaires potentiels.

RFI: L’Onuci suscite des réactions diamétralement opposées dans les deux camps : force d’occupation et soutien aux ex-rebelles des Forces nouvelles appelée à quitter le pays pour le camp Gbagbo, force neutre et de paix, défendant la légalité, à savoir l’élection d’Alassane Ouattara, pour le camp de ce dernier. Comment jugez-vous le positionnement de l’ONU ?
Véronique Tadjo : Le problème à l’heure actuelle, c’est qu’on a l’impression qu’elles sont là pour le camp Ouatarra puisqu’elles lui apportent un soutien à la fois sécuritaire et logistique. Il faut dire qu’on ne voit pas comment elles feraient autrement. L’ONU et la communauté internationale reconnaissent Ouattara comme le président élu de la Côte d’Ivoire et demandent à Gbagbo de renoncer au pouvoir. Il y a donc déjà une ligne à suivre. Ceci dit, les forces onusiennes doivent absolument rester dans le pays car sans elles, ce serait pire.
Michel Galy : Comme je le disais plus haut, l’Onuci s’est à ce point engagée dans le conflit politique et militaire ivoirien que des politologues comme Bertrand Badie ont souligné que toute élection ne devenait que « la continuation de la guerre par d’autres moyens », et que l’Onu se transforme en « faction combattante » comme autrefois l’Ecomog au Liberia et en Sierra Leone. L’Onuci pourrait-elle alors organiser de nouvelles élections ? Cela me parait d’autant plus difficile qu’un problème se pose : c’est ce que j’ai appelé la « gouvernance par la violence », dans le nord de la Côte d’Ivoire. Au nord, depuis 2002, il n’y a aucune opposition crédible, en tous cas civile et politique, ce qui n’a pas empêché les Forces nouvelles de mener une guerre fratricide avec le sergent-chef Ibrahim Coulibaly. Je dirais qu’il y a un triple pouvoir au nord : l’armée rebelle qui trafique tout ce qu’elle peut (cacao, diamant, etc...), le pouvoir central redéployé avant l’élection - qui est un pouvoir largement fictif -, et les ONG qui gèrent tant bien que mal la population civile, notamment du point de vue de la santé. Donc avant qu’il y ait des élections, il faudrait une normalisation de la zone nord. Ce retour à la paix civile est un préalable à des élections représentatives. Actuellement, on est au stade d’une guerre civile commençante et notamment d’une guérilla urbaine. En admettant qu’il y ait un retour à la paix civile, il faudrait des années pour parvenir à ce schéma d’un pays pacifié et prêt à de nouvelles élections.

Le président français, Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy, Pr français

RFI : Votre point de vue sur le rôle de la diplomatie française dans la crise ivoirienne?
Michel Galy : La diplomatie française marche par à-coups, par décision brusque, par déclarations péremptoires. La Libye aujourd’hui, c’est ce qu’était la Côte d’Ivoire en décembre. On donne des délais aux leaders pour quitter le pouvoir et ce n’est pas toujours suivi d’effet. Je retiens, malgré l’interventionnisme auprès des Nations unies et de la Cédéao, qu’il y a une retenue louable de la force Licorne si l’on se réfère à la répression sanglante de 2004 menée par l'armée française, autour de l’hôtel Ivoire et des ponts d’Abidjan, après le bombardement de la base française de Bouaké [et la mort de dix soldats français].
Véronique Tadjo : La diplomatie est par essence secrète. Cependant, on remarque qu’officiellement, le gouvernement français préfère se ranger derrière les décisions de la Cédéao et de l’Union africaine, dans une certaine mesure. Néanmoins, vu les relations étroites qui lient la France à ses anciennes colonies, on devine que son influence reste très grande dans les prises de position. Il est évident, que le danger pour la France, c’est que la force Licorne ait à répondre à une provocation venant des forces loyalistes. Il faut l’éviter à tout prix. Les Casques bleus sont également dans une situation très précaire par rapport à leur présence autour du l’Hôtel du Golf où Ouattara et son gouvernement sont retranchés. Ils ne peuvent pas se permettre de tirer sur un groupe de jeunes patriotes prêts à tout.

RFI: Autre coût pour les populations ivoiriennes : le coût économique et social. Avec les diverses sanctions, l’économie tourne au ralenti, le système bancaire et la plus grande partie des transferts d’argent sont bloqués, le chômage augmente, les médicaments commencent à manquer. Votre avis sur ces sanctions ?
Véronique Tadjo : La Côte d’Ivoire est frappée par toutes sortes de sanctions dont les répercutions sont très graves pour la population. En effet, ceux qui sont  touchés le plus durement par ces mesures se trouvent essentiellement dans la classe moyenne et dans les couches défavorisées. Les sanctions sont supposées cibler Gbagbo et son entourage, mais ils arrivent à s’en sortir, car ils peuvent fonctionner en autarcie puisqu’ils en ont les moyens financiers. Ils ont également montré, depuis plus de trois mois que la crise postélectorale dure, qu’ils possèdent une redoutable capacité de résistance.
Michel Galy : A mon sens les sanctions de ce type ne touchent que les plus pauvres,
comme on l’a vu dans d’autres pays, comme l’Irak. Ce qui est particulièrement scandaleux, c’est l’embargo sanitaire sur les médicaments de la part de l’Union européenne. Soit la population ne se soigne pas, soit elle a recours des médicaments parallèles, comme ceux qui viennent du Nigeria ou du Ghana et qui sont frelatés.
RFI: La Côte d’Ivoire est-elle à la veille d’une guerre civile généralisée ?
Michel Galy : C’est vrai qu’on assiste à une guérilla urbaine, du type de qui s’est passé à Brazzaville, opposant des quartiers qui tendent à devenir de plus en plus homogènes, et que la guerre civile s’étend à l’ouest, à la frontière du Libéria. On assisterait donc à une « libérianisation » de la guerre, avec implication, des deux côtés, de ces guerriers nomades dont j’ai longtemps parlé qui viennent du Libéria et de forces armées rebelles qui viennent du nord, on laisse le mystère sur le fait de savoir s’il viennent d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ou non. Et donc, il y a des dangers d’embrasement généralisé. Pour autant, à mon sens, le pire viendrait d’une intervention militaire ouverte Onuci, Licorne, Cédéao. Pour les morts de ce début de guerre civile , il faut peser la part des choses. Quand on dit 400 morts, tous ne sont pas à attribuer au camp Gbagbo, il y a un équilibre à tenir - c’est ce que dit le dernier rapport d’Amnesty International - dans les exactions, les blessés, les viols, les morts, dus à l’action des deux camps. Ce sont ceux qui ont mis à feu et à sang Abobo et Abidjan qui sont responsables des morts civils, du moins du point de vue politique.
Véronique Tadjo : Une guerre civile généralisée est ce qu’il faut craindre de plus en plus si l’embargo militaire continue à ne pas être respecté par les deux belligérants. Mais il est plus probable que l’on s’achemine vers une situation de non guerre et de non paix, où il y aura des foyers de tension, des violations de droits de l’homme et des massacres à grande échelle qui rendront le pays ingérable. On risque d’arriver à une balkanisation de la Côte d’Ivoire avec différentes factions militaires défendant leurs territoires comme cela s’est passé au Libéria. Il y a également la probabilité d’un coup d’état militaire en réponse à l’échec démocratique. C’est pourquoi face à tous ces scénarios-catastrophes, il est urgent que la communauté internationale, l’Union africaine et la Cédéao sortent des sentiers battus afin de faire des propositions nettement plus innovantes. Laurent Gbagbo doit céder le pouvoir, c’est certain. Mais Alassane Ouattara doit renoncer également au pouvoir dans l’intérêt supérieur de la nation.


ADO, reconnu à l'inter et LG investi par le Conseil Constitutionnel
 

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