Le procès du président kényan devant la CPI reporté sine die
LA HAYE - La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé jeudi le report sine die de l'ouverture du procès pour crimes contre l'humanité du président kényan Uhuru Kenyatta, l'accusation ayant demandé un délai après le retrait de deux témoins.
La chambre de première instance a reporté la date du début du procès (qui était prévu) le 5 février 2014, a annoncé la CPI dans un communiqué. Une audience technique aura lieu à cette date en remplacement pour discuter du délai de trois mois demandé par l'accusation.
La procureure Fatou Bensouda avait en effet demandé le 19 décembre le report du procès, affirmant ne plus avoir suffisamment de preuves après le retrait de deux témoins.
L'un d'eux avait admis avoir livré un faux témoignage contre M. Kenyatta concernant un évènement crucial.
Son témoignage concernait, selon des informations collectées par l'AFP, une réunion qui aurait eu lieu entre M. Kenyatta et des membres du principal groupe criminel du Kenya, les Mungikis.
Or, les liens présumés entre les Mungikis et M. Kenyatta sont au coeur des arguments du procureur dans ce procès.
M. Kenyatta est poursuivi pour son rôle présumé lors des violences ayant suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki et qui avaient fait plus de 1.000 morts et plus de 600.000 déplacés.
William Ruto est poursuivi pour des faits similaires mais se trouvait dans le camp opposé à celui de M. Kenyatta à l'époque des faits. Les deux hommes sont maintenant alliés politiques et ont été élus en 2013 sur un ticket commun.
Il ne s'agit pas du premier contre-temps dans la procédure contre le président kényan, son procès ayant déjà été reporté à de nombreuses reprises. Les questions d'intimidation de témoins et de faux témoignages ont elles aussi déjà été mises sur la table à plusieurs reprises.
Le procès contre son vice-président William Ruto a lui aussi connu des retards, mais avait finalement débuté le 10 septembre.
Le bureau de Mme Bensouda a accusé le Kenya de ne pas coopérer avec la CPI, et de ne pas avoir fourni des preuves qu'il considère comme cruciales dans le cas de M. Kenyatta.
MM. Kenyatta et Ruto ont promis de coopérer avec la CPI, mais se sont aussi plaints que leurs procès, qui les obligent à se déplacer aux Pays-Bas, handicapent leur gestion du pays, et notamment la lutte contre les combattants islamistes en Somalie.
Depuis l'ouverture du procès de M. Ruto le 10 septembre, la CPI a ajourné le procès et permis à M. Ruto de s'en absenter pour qu'il puisse rentrer au Kenya gérer certaines affaires dans des cas exceptionnels.
(©AFP
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